Si les droits de la personne sont bien encadrés en Suisse, particulièrement depuis la mise en application du nouveau droit civil en 2013, ainsi que des lois d'application cantonales, il n'en reste pas moins que le rôle et le positionnement éthique des psychiatres restent tout à fait central afin d'éviter que la psychiatrie ne se fasse complice d'une volonté d'un certain ordre social, au détriment de la liberté des personnes. Les contraintes souvent contradictoires pesant sur les psychiatres ou soignants en santé mentale, pris entre le respect du droit de la personne et la pression sociétale sécuritaire, pourraient facilement engendrer le retour de pratiques souvent dénoncés dans l'histoire de la psychiatrie dans le sens d'une forme contrôle social.

Afin de garantir que la psychiatrie, pour reprendre la formulation d'Henry Ey, reste la «médecine de la liberté», un travail constant de questionnement de nos pratiques est nécessaire. Au-delà de toute législation, ce questionnement réflexif du psychiatre sur ses pratiques représente sans doute l'instrument indispensable pour éviter les dérives dans lesquelles tant la complexité des troubles psychiques que les enjeux sociétaux pourraient nous entrainer.